Lâcher prise

J’ai passé 14 ans de ma vie à dealer avec des troubles nutritionnels pis à pas savoir que j’avais un TDA. J’me suis sentie perdue, différente, jamais comprise et jugée par tout le monde (surtout par moi-même). J’ai fait 2 tentatives de suicide, j’me suis auto-mutilée pis j’ai essayé de me démolir de toutes les façons possibles.

 

J’ai blessé énormément de personnes, j’me suis fait mal à moi-même. Je savais pas trop ce que j’avais, je savais juste que j’avais de quoi de plus grand que toute qui était en train de me bouffer par en-dedans. 

 

J’ai consulté, beaucoup. J’ai arrêté souvent les fois où je sentais que je touchais aux choses en moi qui me faisaient trop mal.

 

J’ai recommencé. J’ai été médicamentée. Jai fait de l’anxiété sans bon sens. J’ai ajusté ma dose plusieurs fois avant de trouver la bonne.

J’ai quitté ma job, j’ai fait le ménage dans mon entourage, dans ma vie, dans mes tiroirs, dans toute. J’me suis battue contre moi-même. J’me suis haïe comme j’ai jamais haï personne. Comme c’est même pas possible d’haïr. J’m’en suis voulu, j’en ai voulu au monde entier. Pis j’ai commencé à pardonner.

 

J’ai commencé à me pardonner. J’ai réalisé que j’me connaissais pas pantoute. J’ai commencé à vouloir apprendre à me connaître. J’ai compris que j’étais pas folle. J’ai compris que chacunes de mes émotions avaient leur raison d’être. J’ai appris en même temps que c’était valable pour celles des autres, aussi. Même les fois où je les comprenais pas. Même les fois où je partageais pas les mêmes valeurs/opinions.

 

J’ai travaillé mon lâcher prise, j’me suis donnée le droit de perdre le contrôle. J’ai même commencé à aimer ça, des fois. J’ai réalisé que c’est ben moins épuisant de lâcher prise que de se battre contre quelque chose qu’on peut pas contrôler anyway. J’me suis sentie tellement plus légère, les fois où j’ai réussi.

 

J’me suis pitchée dans mes passions, j’ai pas regardé en avant. J’ai arrêté de vouloir me faire peur pour rien. J’ai arrêté de vouloir m’empêcher d’avancer. J’ai ressenti le besoin de réussir, j’ai eu besoin de me donner le droit d’être heureuse.

J’ai appris à m’exprimer, j’ai compris qu’on pouvait tout dire, à condition de trouver les bons mots pour le faire pis de toujours le faire dans le respect de soi-même et des autres. En appliquant cette nouvelle façon d’agir-là à ma vie, ben j’ai commencé à respecter mes besoins et à me respecter, pis ça m’a donné l’énergie & la douceur pour respecter les autres en même temps.

 

Aujourd’hui, j’apprends encore sur moi chaque jour. Je sais, par exemple, que quand je reste dans une situation qui me fait du mal, j’atteins des limites. Pis que dans ce temps-là, ben mon anxiété embarque, pis ça amplifie mon TDA. Pis ça, c’est de la marde parce que quand mon TDA embarque fort, je vois pu clair dans rien, mon trouble de nutrition revient pis ça me fait faire encore plus d’anxiété, pis ça finit en crise de panique. 

 

Pis tsé, comment tu veux que je sois à l’écoute de moi-même pis que je respecte mes besoins pis ceux des autres dans ce temps-là?

 

C’est une roue qui tourne.

 

C’est pour ça qu’avec le temps, j’me suis trouvée des trucs pour me calmer quand ça arrive. Est-ce que je réussis toujours à les appliquer à temps? Non.

Mais les fois où je réalise plus tard, je sais comment faire pour retrouver mon équilibre. C’est pas toujours clair, mais je sais quoi faire pour que ça le devienne.

 

Je sais que j’ai besoin de temps seule, que j’ai besoin de faire le ménage de ma maison au complet, de m’entraîner pour faire sortir les émotions négatives. Je sais que j’ai besoin de parler aux 2 personnes qui me font le plus du bien quand j’arrive à mieux me comprendre, pis que ça m’aide tout le temps aussi d’aller m’asseoir sur le bord de l’eau, d’écouter de la musique ou juste d’écrire comment j’me sens.

 

Si j’te dis tout ça, c’est pour que tu comprennes que peu importe comment tu te sens, peu importe si y’a un terme pour « diagnostiquer » quelque chose qui se passe en toi ou pas... ben ça te définit aucunement.

Tout ce que ça fait, c’est t’offrir la chance d’aller chercher l’aide pis les outils que t’as besoin pour t’aider à mieux te comprendre. Pis j’te jure qui a pas un meilleur feeling que le premiers moments où tu t’arrêtes enfin pis tu te dis « Esti. C’est pour ça que j’me sens comme ça. Je suis pas fou/folle.»

 

Je m’appelle Viviane, j’ai 29 ans, un enfant incroyable de 12 ans, une entreprise qui me passionne avec une personne que j’aime (tellement fort), pis j’échangerais ma vie pour rien au monde.

 

Enchantée. 🤝

 

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