Mal de vivre

J’voulais pas mourir, j’voulais juste arrêter de souffrir.

 

J’avais ce mal de vivre-là qui m’habitait pis qui me bouffait par en-dedans. Je comprenais pas pourquoi c’était là pis qu’est-ce que c’était, je savais juste que ça m’épuisait de devoir partager mon corps avec cette souffrance-là chaque matin. 

J’étais fatiguée de respirer, pis fatiguée de faire semblant surtout. J’avais besoin que quelqu’un m’aide, mais je refusais de laisser entrer qui que ce soit dans ma vie.

J’avais besoin que quelqu’un vienne me dire que ça va aller, mais j’écoutais pas les fois où on me le disait. J’avais besoin de croire en quelque chose, j’avais besoin de le sentir en-dedans de moi que ça serait pas toujours comme ça, mais j’étais tellement désillusionnée que j’arrivais pu à croire en rien.

J’me suis fait du mal, j’me suis démolie à vivre ça toute seule, pis ça m’a laissé des cicatrices; autant physiques que mentales. Pis un soir, j’ai décidé que j’étais juste pu capable.

 

Mais les choses se sont pas passées comme prévu; j’ai paniqué.

C’est au moment où je sentais mon corps s’affaiblir pis mes sens disparaître tranquillement que j’ai compris que je voulais pas mourir, mais que je voulais juste arrêter de souffrir.

J’ai eu tellement peur.

 

J’ai pas de souvenir de la suite des choses.

 

Tout ce que je me rappelle, c’est qu’à mon réveil, je voyais ma mère pleurer en frappant dans la porte de la grosse boîte en vitre dans laquelle je me trouvais sur mon lit d’hôpital. J’me souviens de la peine dans le regard de mon père. Pis j’me souviens de l’incompréhension dans ceux de toutes les autres. J’me souviens que mon frère était malade à cause du stress que ça lui avait causé, pis j’me souviens de m’être dit que c’était plus gros que je pensais. Plus grave surtout.

 

Ça m’a pris des années à aller mieux, ça a vraiment été difficile de grandir à travers ça. Y’avait le jugement des autres à l’école; des autres élèves autant que des profs. Pis y’avait ma vision de moi-même qui avait été complètement ravagée par cet événement-là.

 

Mais je suis allée chercher de l’aide, pis j’ai travaillé extrêmement fort pour construire mon bonheur. Je l’ai scrapé plein de fois, j’me suis laissée tomber souvent. Pis j’me suis réparée par après. C’était un combat vraiment, vraiment, vraiment éprouvant. Se battre avec soi-même, c’est horrible. Se réveiller chaque matin avec le réflexe de nager à contre-sens, ça donne le goût de pas se réveiller à chaque jour.

 

Mais si tu savais à quel point je suis heureuse d’avoir appris à nager. Si tu savais à quel point j’me trouve chanceuse d’avoir traversé ça, pis de m’en être sortie tellement plus solide, pis tellement mieux outillée pour savoir comment me relever les fois que je tombe.

Si je pouvais te donner une idée d’à quel point ça me fait du bien de croire que tout est possible aujourd’hui, pis d’avoir la preuve que je peux accomplir absolument n’importe quoi. Si je pouvais juste mettre en mots l’apaisement que je ressens aujourd’hui quand je pense à ma vie, à mon enfant, à mes rêves, aux personne que j’aime, à qui je suis et à ce que je veux devenir... je sais pas si tu pourrais me croire. Mais j’voudrais tellement que tu me croies, parce que ça prouve qu’il y a du positif dans tout, même dans les pires moments que tu dois traverser. Pis ça prouve qu’il y a de l’espoir, toujours.

 

Alors à toi qui traverses une période difficile, à toi qui as l’impression que ça se terminera jamais, sache que c’est temporaire.

 

Pis si c’est trop difficile de traîner ta souffrance toute seule, y’a tellement de gens qui sont là pour t’aider. Fais pas comme moi, attends pas des années avant d’aller chercher de l’aide. Je le sais que t’as pas l’impression que t’es important(e), pis je le sais que tu te sens incompris(e), mais j’te jure que tu te trompes. T’es ici pour une raison, tu es important(e). Pis t’es pas le/la seul(e) à te sentir comme ça. Entoure-toi des bonnes personnes pis avance un pas à la fois, à ton rythme à toi. Commence pas à courir trop vite, écoute tes besoins. Fais-toi confiance. Tu le mérites ton bonheur.

 

Laisser un commentaire